Légende d’un dormeur éveillé, Gaëlle Nohant
Desnos, une vie de poésie.
Vous savez mon gout de la poésie. Eh bien vous saurez que Robert Desnos est un de mes poètes préférés. L’inoubliable auteur de Coucher avec elle ou J’ai tant rêvé de toi, me bouleverse. Poète de l’aventure surréaliste, journaliste, critique, homme engagé et résistant, sa vie est un roman. Amoureux fou de la vie, des mots et de Youki, muse rayonnante.
Gaelle Nohant, très justement récompensée par le prix des libraires pour ce titre, nous offre une magnifique biographie romancée. Elle ressuscite un homme libre, un auteur incandescent, un amant entier et passionné. Sa façon de le raconter, de le partager, résonne comme un chant d’amour, nous donne à lire le portrait plein de vie d’un homme brillant et attachant. Elle nous invite dans l’exubérante période des années 30, dans la bohème de Montparnasse, où l’on croise Breton, Prévert, Aragon, Barrault à toutes les pages. On assiste à des fêtes incroyables, à des débats enjoués, à des moments d’émotion folle et pure. On découvre un amour vrai et flamboyant, une passion exceptionnelle. Et en résonance à ce magnifique portrait, l’auteur fait défiler la grande histoire, la montée du nazisme et l’explosion de la seconde guerre mondiale.
Et la plume de l’auteur, fluide et teintée elle aussi de poésie, alterne avec des vers du poète et fait de ce vibrant hommage, de cette vie d’aventures, un petit bijou de romantisme, de culture et d’histoire. Je peux affirmer que c’est l’une de mes plus belles émotion de lecture de ces dernières années. J’ai fondu, me suis délectée et ai même laissé déborder quelques larmes.
Un poème,
A la faveur de la nuit.
Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit
Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.
Cette ombre à la fenêtre c’est toi, ce n’est pas une autre, c’est toi.
N’ouvre pas cette fenêtre derrière les ridcaus de laquelle tu bouges.
Ferme les yeux.
Je voudrais les fermer avec mes lèvres.
Mais la fenêtre s’ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.
La fenêtre s’ouvre : ce n’est pas toi.
Je le savais bien.
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