Une semaine à vélo dans les Baronnies Provençales
Vacances à vélo dans les Baronnies Provençales
On avait parlé de partir rouler quelques jours au soleil, avant ma soutenance de formation, puis retourner en librairie. On avait évoqué le Var, on avait des envies d’Italie, de Luberon. Mais la situation sanitaire nous empêchant de changer de région, on a finalement choisi ces vacances à vélo dans la Drôme et les Baronnies Provençales. A quatre heures à peine de voiture, on était dans le sud. Les montagnes acérées d’ici laisseraient place à des sommets moins pointus. Des champs d’oliviers et de lavande remplaceraient nos forêts de sapins et nos alpages.
Monsieur a tracé les parcours, sur ses souvenirs de l’Atlas Strava France. Il a eu d’autres envies venues à l’écriture de son nouveau livre, Les plus beaux endroits pour pédaler en France. Et puis il nous a aussi trouvé un joli nid sur les hauteurs de Nyons. Ça prévoyait une semaine de bonheur, à vélo au soleil. Ça tombait bien puisqu’on quittait la Haute-Savoie ce dimanche matin sous la neige. Comme on les attendait ces vacances, on a pas attendu une demie heure avant d’enfourcher les vélos, une fois les valises posées.
Les Baronnies, un début de Provence
Entre Vercors, Drôme, Mont Ventoux, Préalpes et vallée de la Durance, les Baronnies sont un massif calcaire de moyenne altitude, résolument provençal. Une découverte pour moi, qui n’avait fait que les traverser pour gagner le Lubéron, bien plus connu. J’y ai trouvé des paysages sauvages, des champs oliviers à perte de vue seulement ponctués par des champs de lavande et des villages perchés. Une Provence montagnarde, au charme âpre, décuplé par la lumière régénérée de ce début de printemps.
Des tons gris argentés, que le ciel nuageux rendait plus glacé et qui n’étaient rythmés que par les touches de jaunes des forsythias en fleurs et de roses des cerisiers. Si les promenades à vélo sont le meilleur moyen de regarder la nature et de profiter des paysages, j’en ai pris plein les mirettes, tous les jours, sous la vision permanente du Mont Ventoux encore enneigé.
Les tracés journaliers de l’amoureux nous ont conduit à grimper de petits cols pour pouvoir profiter au maximum des vues spectaculaires sur des vallées figées. Les bassins de vie, d’hommes et donc de circulations sont concentrés et peu nombreux. Ç’a rajouté au plaisir de rouler. La dizaine de kilomètres à monter pour arriver en haut du col de Perty, à 1 300 m, vu sur les massifs plus élevés des Hautes-Alpes, ne nous aura fait rencontrer que trois voitures. J’ai eu le temps de les compter, vu le temps qu’il m’aura fallut pour le monter. Mais là encore ce fut un plaisir. Des cols, jusqu’à quatre dans la même journée, doux et jamais rebutant de difficulté. Et celui de Perty, qui arrivait après celui d’Aulan et avant ceux de Saint-Jean et Macuègne, a été long, mais ne m’a même jamais fait douter.
À vélo dans les Baronnies Provençales, une parenthèse enchantée.
Toutes ces sorties vélo ont été aussi l’occasion de mettre de la littérature dans mes journées vélo. Nous avons roulé sur les traces de Barjavel. L’auteur génial de Ravages ou La nuit des temps était un enfant du pays. Il est enterré à Tarendol, le village de ses grands-parents, dont il s’est largement inspiré pour écrire… Tarendol, son roman d’amour. Nous nous y sommes arrêtés, vue majestueuse sur la vallée et sur le Ventoux. Puis c’est Giono qui s’est mis sur notre route, tout comme René Char, lors de notre passage à proximité du château d’Aulan. Mes bonheurs, vélo et littérature !
Des challenges sportifs, des émotions littéraires et paysagères et des régals culinaires. Les Baronnies sont un terroir gourmand comme je les aime. Les olives, les caillettes, le nougat, les crus Ventoux et côtes du Rhône ont contribué à faire de notre séjour un régal. Gourmands on l’a été et pas tranquillement. Un jour d’averse nous a conduit au temple du nougat, à Sault. Là la maison Boyer, depuis 1887, dans un esprit de tradition, propose un nougat et des confiseries à se damner. C’est en montant après ça, le Ventoux en voiture jusqu’au chalet Reynard que je me suis dis qu’il faudrait calmer les gourmandises.
Enfin, si un jour je voulais le tenter à vélo. On est revenu les valises pleines d’huile d’olive, de nougat, de miel, de nectar d’abricot, et le coffre de cartons de vin. Il faut dire que les lieux de tentation, caves et coopératives, bordent les routes.
Rentrer pour mieux repartir
C’était parfait. Qu’est-ce que je me suis régalée ! Je suis rentrée avec un compteur Strava fort de 339 kilomètres. Tout ça sur 5 jours de vélo, je suis plutôt fière. Avec la tête et les yeux pleins de souvenirs. C’est comme souvent, passé trop vite. Malgré le froid, le mistral a rendre fou, cette semaine m’a ouvert de nouveaux horizons. Elle m’a surtout donné l’envie d’y retourner, à une autre saison. Celle des champs de lavande en fleur !
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